Faourette: « A l’époque, c’était moderne », Marius et Lucette
Marius était pendant longtemps président de la Régie de Quartier Desbal Services. Il a toujours été impliqué dans son quartier de la Faourette à Toulouse que se soit auprès des locataires, ou à la Régie. C’est quelqu’un qui faisait référence, qu’on venait voir si on avait besoin d’aide. Avec Alice, sa femme, ils nous racontent leur arrivée dans le quartier. L’emménagement, ici, c’était à l’époque plus de confort, du chauffage central. Plus besoin d’aller chercher le charbon à la cave ou de chauffer le lit avec un moine. Seul grand regret l’insonorisation de l’immeuble inexistant.
Paroles de la réalisatrice Sonore – Agnès Gontier
Ils m’ont touchés, Marius et Lucie, 91 et 92 ans. J’ai aimé le contraste des deux personnages et la complicité qui se dégage entre eux. L’une se dit pantouflarde, l’autre pigeon voyageur. Ils sont simples, chaleureux, attentionnés. Lucie est authentique, ses expressions sont si spontanées, qu’elle m’a fait sourire. J’ai aimé les écouter, échanger avec eux, plonger dans leur quotidien de couple.
Paroles de Marie-Christine Jaillet – Directrice de recherche au CNRS, Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires (LISST), Université de Toulouse
On oublie trop souvent ce que rappelle si bien Marius et Lucie : entrer dans un logement HLM, dans les années 1960, c’était accéder pour la première fois aux éléments de confort : un appartement lumineux avec des pièces séparées, l’eau courante, le chauffage central, une salle de bains … Mais, comme il fallait répondre à une crise du logement sans précédent, on a construit vite et en masse, souvent trop vite. Nombre de ces immeubles ont mal vieilli ou ont été, au moins dans les années qui ont suivi leur construction, insuffisamment entretenus. Si le logement était meilleur, ces grandes cités HLM étaient alors loin du centre-ville, en périphérie de la ville, pas toujours bien desservies par les transports en commun et il y manquait ce qui fait aussi la ville : des commerces, des bars, des services… Si, depuis, l’équipement des quartiers comme leur desserte se sont largement améliorés, ils ne sont pas encore pour autant tout à fait des quartiers urbains comme les autres.
Mais ce que raconte aussi Marius et Lucie, c’est l’histoire de ces habitants qui se sont investis dans la vie de leur quartier, par la création d’associations pour répondre aux besoins des gens, leur apporter de l’aide, des services, mais aussi pour organiser la vie sociale, proposer des activités, des animations et des moments festifs. Car, ce qui caractérise ces quartiers, c’est bien la vitalité de leur tissu social, la capacité de leurs habitants, plus qu’ailleurs dans la ville, à s’entraider, à faire preuve de solidarité, face aux drames auxquels chacun peut être confronté dans sa vie personnelle, comme dans les moments difficiles qu’ont traversés ces quartiers, l’explosion d’AZF, le confinement, etc. Ils la doivent à l’énergie infatigable de ces militants du quotidien. Pour prendre le relai de ceux qui se sont un peu épuisés à la tâche, une relève est toujours là.
« Les habitant-e-s se la racontent ! » : un projet porté par la Régie de Quartier Desbals Services et l’association Résonance Sonore Lauréates de l’appel à projet : « Mémoires des quartiers, histoires en mouvement » lancé par Toulouse Métropole – Exposition visuelle et sonore à la Bibliothèque Saint-Exupéry à Bagatelle du 4 avril au 9 mai 2023.
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