Papus: « De tout temps, ce quartier a toujours eu une forme de liberté », Rachid et Marion
Rachid et Marion travaillent à l’école Papus. Marion y a habité toute son enfance, Rachid, lui, pour l’avoir côtoyé toute sa vie, le connaît comme sa poche. Tous les deux nous livrent leurs rapports à ce quartier unique, sans barre d’immeuble, habillé de pavillons. Un quartier profondément marqué par l’usine AZF. Iels nous partagent leurs souvenirs de la disparition des commerces aux détails qui font que Papus, est Papus.
Paroles du réalisateur – Mathias Guilbaud
Si l’explosion d’AZF a éminemment transformé leurs vies, Rachid et Marion restent très attachés à ce quartier atypique. J’ai très vite ressenti que pour elleux, Papus était un quartier à part, différent et paisible. Au fur et à mesure de notre entretien, Rachid et Marion ont partagés leurs souvenirs, leurs regards sur ce quartier qui témoignent d’un passé commun. Iels ne viennent pas du même endroit, mais iels ont le même amour pour Papus, un amour qu’iels essayent de transmettre aux enfants de l’école où iels travaillent.
Paroles de Marie-Christine Jaillet – Directrice de recherche au CNRS, Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires (LISST), Université de Toulouse
Oui, Papus est un quartier singulier, non pas parce qu’il serait le seul à avoir une identité propre – c’est le cas de chacun de ces quartiers et, généralement, « c’est toujours mieux chez soi qu’à côté » – mais par sa forme : pas de ces tours ou barres, caractéristiques de cet urbanisme des années 1960, même si beaucoup ont, depuis, disparu du paysage urbain, mais des petits immeubles et un semis de maisons posés dans un grand parc… tout près de ce qui a été l’usine AZF (l’ONIA auparavant). Tout près, parce que Papus doit son existence à cette usine : elle a été construite pour ses ouvriers, à un moment où ils étaient nombreux à y travailler et où cette entreprise occupait une place importante dans l’économie locale. Les habitants partageaient leur quotidien à la fois à l’usine et dans le quartier.
Puis, quand les effectifs de l’usine se sont réduits, la gestion de la cité a changé de main et Papus s’est ouvert à d’autres populations sans lien avec l’entreprise. Bien qu’il ait à souffrir de la proximité de la rocade, sa « personnalité » singulière, plus proche de la « cité jardin » que de l’image du « grand ensemble », demeure. C’est ce qui peut expliquer l’attachement de Marion et Rachid qui, sans plus y habiter, continuent à le fréquenter quotidiennement parce qu’ils y travaillent. L’expérience des quartiers populaires c’est d’abord celle de ses habitants, mais c’est aussi celle de ceux qui y ont leur emploi et qui y passent une partie de leurs journées. C’est aussi, plus rarement, celle de ceux qui sont simplement de passage et le traversent.
« Les habitant-e-s se la racontent ! » : un projet porté par la Régie de Quartier Desbals Services et l’association Résonance Sonore Lauréates de l’appel à projet : « Mémoires des quartiers, histoires en mouvement » lancé par Toulouse Métropole – Exposition visuelle et sonore à la Bibliothèque Saint-Exupéry à Bagatelle du 4 avril au 9 mai 2023.
Laisser un commentaire